Un petit site local peut cacher des enjeux Régionaux
Quand les espèces de nos rivières font tomber le voile
On les aperçoit tournoyant dans les rayons du soleil, au-dessus de nos rivières, les enfants les recherches sous les galets les pieds dans l’eau, on les observe furtivement à travers l’eau claire des ruisseaux, mais les connaissons nous vraiment ?
Je veux parler de ce petit monde de l’eau, de ces petites bêtes discrètes mais pourtant des maillons indispensables du fonctionnement écologique des rivières. Tricoptères, Ephémères et, Plécoptères trois groupes d’invertébrés aquatiques ont pourtant été passés à la loupe durant l’été 2015 sur l’Espace Naturel Sensible (ENS) de la Sanne à Montseveroux par un spécialiste, Adrien Auzeil du bureau d’études SAGE Environnement.
Les ENS ont pour objectifs la préservation de la nature et la sensibilisation à l’environnement du plus grand nombre, mais ils permettent également l’augmentation et l’approfondissement des connaissances naturalistes et écologiques. Le plan de gestion, outil de planification des actions réalisées durant 5 ans, préconisait de compléter les connaissances du site par l’étude de ces 3 groupes très peu connus au niveau local comme national.
Des « chasses » de jour avec des filets entomologiques, la recherche de larves dans les sédiments de la rivière et une prospection nocturne à l’aide d’une lampe attractive ont permis de réaliser un première inventaire de la faune aquatique du site.
Celui-ci a permis d’établir une liste de 29 espèces sur l’ENS de la Sanne amont dont 9 n’étaient pas encore répertoriées sur le département de l’Isère. Il faut dire que les spécialistes sont rares en France, et que ces groupes sont très peu étudiés.
Parmi les nouvelles espèces pour le département, se distingue particulièrement le trichoptère Hydropsyche fulvipes dont la présence est également nouvelle pour la région Rhône-Alpes et actuellement connue dans seulement 5 départements. Cette espèce est liée aux sources des cours d’eau mais les stations sont rares aussi bien en Suisse qu’en France. Sa grande affinité à la matière organique pourrait être une explication de sa rareté en le confinant aux sources eutrophes (riches en éléments nutritifs) mais exemptes de rejets humains (sources très naturelles).
La présence de ces espèces nous renseigne sur la forte naturalité et sur la bonne conservation de la rivière de la Sanne, en tête de bassin versant. Les conclusions de l’étude pointent une nécessité de préserver la naturalité de la rivière notamment en protégeant impérativement les boisements riverains qui conditionnent un régime hydrique et thermique stable. Cette condition est indispensable à la majorité des espèces rencontrées. De la même façon, elle pointe l’importance de préserver la qualité de l’eau, de potentielles pollutions ponctuelles (rejets humains, pollutions agricoles : effluents d’élevage, produits phytosanitaires,…)